Nous ne sommes que deux, Séb et moi (décision de dernière minute, et contrainte professionnelle !), pour cette belle course : le Mont Gioberney par la voie normale. Le mois dernier depuis la vallée du Valgaudemar nous avions observé ce sommet. Mais c'est depuis le hameau de La Bérarde que nous partons.
Il fait très chaud et malgré un sac allégé au maximum, la montée au refuge de La Pilatte est très, très longue. On entre dans le Parc National des Ecrins quasiment dès le parking, puis le paysage se découvre, le vallon creusé par le Vénéon (et les glaciers) s'ouvre au fur et à mesure de nos pas. Le refuge du Carrelet, le vallon du Chardon sur notre droite, la montée pour le refuge de Temple/Ecrins …
Le sentier monte doucement jusqu'à ce que l'on traverse le Vénéon sur un gros névé. C'est là que l'on observe la 1ère marmotte. A partir de là, on prend plus de dénivelé. D'ailleurs on fait une pause pique-nique avant les dernières difficultés. On croise quelques randonneurs qui redescendent.
Les traces sont faites dans les derniers névés et nous arrivons enfin au refuge. La vue y est superbe sur le glacier de La Pilatte aux pieds des Bans, de la Pointe des Boeufs Rouges, la Pointe du Sélé … Au nord on peut admirer le Pic Coolidge, la Barre des Ecrins (face beaucoup moins connue), et la mythique Meije.
On se présente à l'accueil, on défait les sacs et on s'installe (les dortoirs sont faits selon la course. C'est bien mieux organisé qu'à Péclet !). Une petite pause dans les transats face à ce grand spectacle, et les 1ères cordées reviennent des Bans et du Gioberney. J'en profite pour glaner quelques renseignements sur les conditions de neige et sur le cheminement du lendemain.
Il fait si chaud que l'on va se faire une petite sieste au frais dans le dortoir. Après avoir pris une bonne douche bien fraiche ( le jeton pour la douche chaude est de 3€, le prix de la bière ! ). Après ce petit repos (peu de sommeil) on se boit une bière et il est déjà l'heure du repas.
Après le repas, on va donner un petit coup de main à la patronne qui fait la vaisselle à la main (le lave-vaisselle étant HS). Elle est déjà aidée par un guide. A trois c'est quand même plus rapide. Et puis c'est aussi ça la convivialité montagnarde. La Patronne nous offre un génépi maison. Il est déjà l'heure de se coucher (21h30).
A 04 heures, après une nuit difficile, comme toujours (ronfleurs, sonnerie de montre et chaleur malgré la fenêtre ouverte) on se lève. On avale rapidement le petit déjeuner, et on décolle.
04h30, nous sommes la 1ère cordée. A la frontale, on cherche les cairns, les marques rouges, c'est pas le top, mais bon nous arrivons rapidement sur les névés. Il n'y a plus qu'à suivre une des nombreuses traces. La neige porte bien. Dans un premier temps, on ne met que les baudriers.
Un animal au dessus de nous. Il est assez loin, mais il a la démarche et le port de tête caractéristique du bouquetin.
A environ, 100m sous le col, on sort la corde mais les crampons restent dans les sacs. On fait une petite pause au col afin de se décorder, et de prendre des photos côté Valgaudemar. Le soleil se lève déjà.
L'attaque de l'arête n'est pas évidente, la roche se délite, il faut être prudent. Pour la suite, il suffit d'escalader, tout en restant prudent. A 06h45 nous sommes au sommet. La vue y est superbe, surtout avec le soleil qui illumine les reliefs. Les Rouies (3589m) et son beau glacier attire le regard.
On prend les photos, on se grignote quelques fruits secs et puis on trinque avec une petite vulnéraire maison !
La 2ème cordée arrive au col, celle du guide avec ses 4 clients est un peu plus bas encore.
En redescendant au col, mon regard est attiré par la Pointe Richardson. Son ascension ne semble pas trop difficile. Et après avoir récupéré nos bâtons je propose à Séb d'en faire l'ascension.
Cette fois on sort les crampons et les piolets (quitte à les avoir montés !!). C'est plus un terrain mixte. Marcher en crampons sur la roche mérite d'être prudent, concentré et attentif. On parvient rapidement au sommet où nous ne nous attardons pas trop car le manteau neigeux évolue très vite sous l'effet des 1ers rayons de soleil. A la descente, on s'encorde car le mauvais pas est interdit sur ces pentes !
On regagne rapidement le col puis le refuge. Un héliportage est en cours. En 3 rotations, c'est 1 tonne de vivres (légumes, lait, boissons, viandes, œufs …) et matériels (un réfrigérateur, le lave-vaisselle, du gaz ...) qui est déposée devant le refuge. Heureusement il y a du monde pour faire la chaine ! En ½ heure c'est fini.
La patronne nous offre une bière pour nous remercier, pendant qu'on lui règle notre ½ pension (la plupart du temps on paye avant, mais à La Pilatte, la patronne préfère au retour cela lui permet de savoir ceux qui sont encore engagés !).
On en prend plein les yeux une dernière fois et puis on redescend en laissant derrière nous ces jolis paysages. La descente est très, très longue ! On en voit pas le bout ! Mais en 2 heures c'est fini nous sommes à La Bérarde.
Bilan : Une très belle course mixte réalisée dans de bonnes conditions météorologiques. Cette course s’adresse à des personnes entraînées : 23 kms et + 1820 m de dénivelé !
Un message personnel pour Séb : Merci à toi, nous avons formé une bonne cordée. « J'aurai pas pu aller plus vite et en faire plus ! », je suis sûr que non, t'as le caisson !
: Cette sortie se déroule en terrain glaciaire nécessitant du matériel spécifique (crampons, piolet, baudrier ...). Cette course ne répond pas aux prérogatives de l'Accompagnateur en Moyenne Montagne, diplômé d'état.
Si vous êtes intéressés par ce type de randonnée, veuillez-vous adresser à un Guide de Haute Montagne seul professionnel habilité à vous y conduire.