Dans la chaîne des “baous”, celui de Saint-Jeannet se distingue par l’ampleur exceptionnelle de sa face calcaire bien connue de tous les grimpeurs de l’Hexagone grâce à la qualité et à la hauteur de ses voies d’escalade.
L’ensemble formé par le baou et le village de Saint-Jeannet symbolise à merveille l’art tout provençal d’intégrer au mieux le bâti dans son environnement naturel : aussi bien en arrivant sur le site qu’en l’admirant au cours du circuit, on sera subjugué par cette osmose entre la nature et l’œuvre de l’homme.
(source : https://randoxygene.departement06.fr/)
Héritières d’un pastoralisme séculaire, les bories ou les antiques bergeries croisées chemin faisant se fondent elles aussi dans un paysage de garrigues et de chênaies ponctuées de dolines et de lapiés où règne l’élément minéral avec ce calcaire gris-blanc habituel des plateaux karstiques.
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Dominant fièrement la vallée de la Cagne, le donjon et les murs d’enceinte du Castellet, ancienne maison fortifiée (XIVe), achèvent leur inexorable déclin amorcé lors des tragiques combats de 1944.
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Le Castellet, ferme fortifiée ; la longueur de la bergerie est d'environ 37 mètres.
Le texte ci-dessous est extrait du livre de J.-E. Malaussène de 1909 (réédition 2001) : "L'évolution d'un Village-Frontière de Provence (Alpes-Maritimes)" Editions Alandis.
<<...Cet édifice, appelé le Castellet, ne servit jamais qu'à l'usage de ferme et de bergerie. Il a donné son nom à un vaste domaine y attenant, d'une superficie d'environ 270 hectares, dont 150 en nature de pâturage, 130 en celle de bois, et le surplus en terres labourables. Cette propriété aujourd'hui pour partie communale, fut un fief seigneurial. Elle apparaît déjà sous ce caractère dans divers documents du XIIIe siècle, enfouis dans nos archives communales...>> (pages 208 et 209)
Les deux textes ci-dessous sont extraits du livre de François Cali :
"La maison neuve sur la place, Histoire d'une maison de village en Provence du 18e au 20e siècle" Hachette littérature (1978).
Dans ce texte, François Cali fait parler Frédéric Euzière né à Saint-Jeannet en 1767 :
<<... J'avais 22 ans quand en mars 1789, je pris à bail la ferme du Castellet de M. Jean-Paul Clapier, ci-devant marquis de Cabris, le beau-frère de M. de Mirabeau. A une heure de marche du village, en arrière de son Baou, c'était une ferme immense et misérable, la récolte de blé n'y atteignait pas 7 charges* et suffisait à peine à nourrir le rentier, d'autant que la convention passée avec M. de Cabris m'obligeait à lui en remettre 10, indépendamment des 800 livres que je devais lui compter tous les ans en deux termes égaux. Je tirais mon plus gros revenu de la vente des fumiers des moutons et des chèvres que j'entretenais sur les 200 hectares de la forêt...>> (page 46)
*charge de blé ; environ trente deux décalitres.
<<...Enfin, en 1815, il m'avait cédé (mon oncle) son domaine du Castellet pour 15300 frs... Ainsi m'étais-je rendu maître de ce beau domaine dont j'avais été. le rentier, on imagine ma satisfaction. Je le donnais d'abord à bail à Louis Octobon, avec un troupeau de cent têtes, chèvres et moutons de bonne qualité, de recette et du pays, puis je l'affermai en 1820 à Honoré Gazagnaire pour 8 ans, à 900 frs par an, avec l'obligation de me porter chaque année à la maison 8 kilos de fromage, 8 kilos de recuite salée, 2 agneaux et 2 chevreaux gras, 216 oeufs de poule, 9 paires de poulets, tout en me laissant tous mes droits sur les truffes et les rapaces...>> (page 51).
Et enfin, dans un autre passage du livre :
<<...Quant au Castellet, on n'y tient plus de bêtes ; le toit effondré, sa grande bergerie est en ruine. De la tour de M. de Cabris (n.b. le seigneur des chèvres), il ne reste qu'une vironne à ciel ouvert suspendue sur le rocher depuis que les Allemands, l'été 44, l'ont bombardée au mortier, refuge d'un groupe de partisans qui leur avait tué un sous-officier parti imprudemment à la promenade aux sources de la Cagne...>> (page 250)