On peut dire que jusqu'au dernier moment, j'ai été indécis quant à la destination de ces deux jours de randonnées. Initialement ce devait être de l'alpinisme en Oisans, mais les prévisions météorologiques n'étant pas très optimistes je me suis résigné à abandonner l'idée de sortir les piolets et crampons …. partie remise.
J'ai alors regardé du côté du Thabor, du Mt Aiguille, de la Pierra Menta … L'enneigement ? Faut-il prendre les raquettes ? Autre questionnement : refuge gardé, non gardé ou cabane ?
Donc finalement, tout le monde est branché pour une cabane (donc un refuge sans couverture, sans ustensile de cuisine, juste un poêle pour le confort et peut-être des matelas).
Fred ayant quelques impératifs, il nous rejoindra seul, par un itinéraire plus court.
Pour Pierrette, Jean-Claude, Mick, Sèb et moi c'est un départ du hameau « le Grand Thiervoz » dans la vallée du Haut Breda (massif de Belledonne). Chargés comme des mules, nous partons en direction de La Ferrière. L'épicier itinérant nous lance « ils sont motivés ceux là ».
Au hameau « la Ferrière », nous faisons une petite halte afin d'enlever la dernière épaisseur, le dénivelé commence maintenant. Sèb constate peu de temps après avoir posé son sac à dos que la bouteille de vin s'est brisée et vidée dans la poche latérale de son sac ! Alors qu'il rince (belle étanchéité la poche) le sac, Mick passe un coup d'eau sur la mare de rouge laissée devant la mairie, et Jean-Claude, Pierrette et moi partons racheter une autre bouteille.
Après ces péripéties nous partons enfin vers les crêtes boisées qui dominent la vallée du Breda. Le petit sentier laisse vite sa place à une piste raide au milieu d'une coupe à blanc. Soleil et pente nous font bien transpirer !
Nous retrouvons le frais en sous bois et après avoir traversé une dernière forêt de résineux aux futs bien alignés, nous nous posons afin de casser la croute au carrefour du bout. Il fait bien frais et le café de fin de repas ne manque pas de nous réchauffer.
La suite nous la connaissons ! En effet, nous étions venus en mars 2009, lors d'une boucle qui nous avait conduits au refuge de l'Oule. D'ailleurs j'aurai aimé que l'on revoit un peu l'itinéraire depuis les hauteurs de la combe grasse, mais le brouillard nous en empêche. Nous reprenons notre cheminement vers le lac Léat. Juste avant d'y arriver nous accélérons afin d'arriver avant un groupe qui descend de l'autre côté.
Le refuge est là ! Et surprise il y a du monde, la cheminée fume. Serons nous seuls ce soir ? Ou devrons nous partager le petit espace ? Je rentre saluer le groupe et prendre les nouvelles. Le groupe de 6 a dormi là cette nuit et ils repartent après leur repas. Le couple de randonneurs ne reste pas non plus !
C'est donc plus serein que nous posons les sacs et savourons un thé bien chaud. Le lac du Léat est rempli de tritons au ventre orangé, de tétards et quelques grenouilles mortes !
A 16 heures 00, le refuge Hyppolite Chassagne Baroz est libre. Nous en prenons possession.
L'avantage : le poêle est chaud. Il n'y a qu'à l'entretenir jusqu'à demain matin ! Après les corvées de bois, nous faisons quelques parties de belote en attendant l'arrivée de Fred.
Vers 19 heures 15, Fred est là. Le feu de dehors est prêt. Super timing. Nous laissons Fred s'installer avant d'attaquer l'apéro. Les merguez et saucisses sont posées sur le grill.
Après quelques discussions sur la météo de demain, sur le parcours du jour … nous attaquons les grillades. La bouteille de rouge est ouverte. Le top.
Fred nous a amené le gâteau mais à l'unanimité nous le gardons pour le lendemain matin. Dehors il tombe des cordes. Mais nous sommes au chaud dans notre refuge. Vue l'heure il n'y aura plus personne qui montera. Nous décidons de descendre tous les matelas afin de dormir en bas (l'étage n'étant pas très bien isolé).
Et c'est vers 21 heures 30, que nous nous installons pour la nuit.
La nuit fut bonne en tout cas aussi bonne qu'on peut l'espérer dans ce type de bâtiment en pleine montagne. Levé 06h00. Un rapide coup d’œil dehors nous permet de constater que le ciel est parfaitement dégagé. On sort prendre la température et l'air. Un chevreuil est surpris de nous voir ici. Il s'enfuit en aboyant comme un chien.
Il nous faut une bonne heure pour avaler notre petit déj, ranger les sacs, et
remettre le refuge dans l'état où nous l'avions trouvé. Nous faisons le plein d'eau une dernière fois à la source située derrière le refuge.
Dehors le tétras que j'entendais hier, poursuit son rituel à la recherche de la partenaire idéale. Nous ne le verrons pas caché plus haut dans les aulnes.
Nous partons en direction du sud. Un dernier regard sur le lac Léat, gagné petit à petit par les rayons du soleil. Un peu plus loin, sur l'alpage, je décide de quitter le sentier afin d'emprunter la petite sente en courbe de niveau sur le 2ième chalet de Tigneux.
Nous dérangeons un tétras qui s'envole juste devant nous. Le noir de son plumage tranche avec le rouge de ses caroncules et le blanc de sa queue et du dessous de ses ailes.
Plus haut les chamois font leur apparition sur les crêtes rocheuses. Le sentier est peu emprunté mais encore praticable et nous parvenons rapidement au chalet de la petite Valloire. Sèb, Mick et Pierrette se rappellent cette randonnée « engagée » que nous avions faite en mars 2011!
Je décide de rallier le chalet de la Grande Valloire, par le sentier du bas (à l'ouest). Mais contrairement au précédent celui-ci est nettement moins praticable. Faute d'être régulièrement pratiqué, la végétation reprend le dessus et on galère pas mal dans les hautes herbes, et les aulnes et autres noisetiers.
Nous parvenons quand même aux chalets. L'un d'eux est ouvert et offre un abri sommaire pour le randonneur. Nous faisons une pause fruits secs car la suite c'est un peu de 300m de dénivelé positive pour parvenir au lac blanc.
Le ciel se charge doucement de nuages ! Le sentier est raide mais bien marqué et c'est sans difficulté que nous parvenons au lac. Le décor est bien plus « haute montagne ». Encore beaucoup de neige sur les pentes, le lac est partiellement gelé.
Un chamois et son petit traversent en courant avec une grande agilité.
Nous avalons vite notre repas car le ciel est de plus en plus couvert. Un groupe de randonneurs arrive à son tour. Ils montent vers le lac noir, un peu plus haut.
Pour nous c'est déjà le retour. Il ne nous reste que 1100m de dénivelé négative !!!
La traversée du ruisseau de la Grande Valloire issu des lacs blanc et noir est difficile. La passerelle est détruite, emportée par une crue. C'est donc sur deux troncs couchés que nous traversons.
La descente est longue. Avant de pénétrer dans la forêt, nous jetons un dernier coup d’œil sur les alpages et le chalet de la petite Valloire.
Le sentier en sous bois est agréable. On perd rapidement de l'altitude. Plus bas on re-traverse le ruisseau mais cette fois sur une belle passerelle.
Après une petite ½ heure, on découvre les 1ères maisons. Nous retrouvons les voitures alors que quelques gouttes commencent à tomber. Coup de chance, à 5 minutes près nous étions rincés.
Ainsi s'achève nos deux jours. Cette boucle totalise 16.6 kms (6.6kms et 10kms), 1580m de dénivelé positive (870m et 710m) et bien sûr 1580m de dénivelé négative (130m et 1450m).
L'autonomie est une autre façon de découvrir la montagne, c'est une autre
approche de la randonnée et visiblement tout le monde a été emballé ! A refaire ?!